Après l'épisode CHIDO, êtes-vous inquiets pour la suite de la saison cyclonique ?

Cyclone CHIDO : comment expliquer un tel désastre à Mayotte ?

Le 17/12/2024 à 14:13 0

Dans Infos Cyclone

Un « big one ». C'est ainsi que l'on pourrait qualifier le passage du cyclone CHIDO sur Mayotte. Des vents dévastateurs, des infrastructures anéanties, une population profondément affectée : l'île a vécu une catastrophe naturelle d'une ampleur inédite. Cet article décrypte les mécanismes de cet événement cyclonique et les facteurs qui ont conduit à une telle catastrophe.

Un cyclone d’une violence inédite pour Mayotte

L’épisode CHIDO fut un événement cyclonique inédit pour l’archipel de Mayotte, jamais vu depuis au moins 90 ans. Autrement dit, la population de l’île aux Parfums a eu le triste privilège de vivre un “big one” à l’occasion de cette catastrophe.

Comment expliquer un tel désastre ? La violence des conditions cycloniques observée sur le territoire était-elle prévue ? Météo-France, nous propose un diagnostic officiel qui nous permet de répondre à ces questions.

Le vent, élément majeur de l’épisode CHIDO

Les images de l’après cyclone ne laissent aucun doute sur le fait que le vent fut l’élément marquant de ce phénomène. De nombreux logements ont vu leur toiture arrachée, les arbres et la végétation ont particulièrement souffert et les frêles habitations faites de tôle ont volé en éclat comme de vulgaire château de carte, n’offrant aucune protection à ses occupants.

Il faut dire que ce sont des “rafales généralisées” à plus de 200 km/h qui ont concerné tout le territoire (226 km/h à Pamandzi et 194 km/h à Coconi avant rupture de la communication avec la station). Mais selon Météo-France, ce sont des rafales de l’ordre de 250 km/h qui ont probablement concerné le Nord de la Petite-Terre et le Nord de la Grande-Terre.

L’enfer aura été de courte durée

Il est à noter que dans son malheur, Mayotte a eu la chance de faire face à un système compact et se déplaçant rapidement vers l’Ouest Sud-Ouest. Cette situation a permis au département de connaître le pire sur une durée relativement courte.

La chronologie des vents montre que les conditions cycloniques (rafales au-delà de 150 km/h) ont duré environ 3h, alors que les rafales de plus de 200 km/h n’ont été observé que pendant 45 min environ selon Météo-France. 

Malgré tout, cela aura suffit à générer une catastrophe inédite pour Mayotte. Un cyclone de même intensité, mais de taille classique et avec une vitesse de déplacement normale aurait encore plus destructeur.

Des facteurs aggravant

La force destructrice des vents ne suffit pas à elle seule pour expliquer l’ampleur du désastre. Il faut dire que le contexte local a été un facteur aggravant. De nombreuses habitations n’étaient absolument pas en mesure de faire face à un tel phénomène.

Une part importante des logements à Mayotte sont construits en tôle, sans accès à l’eau ni aux sanitaires de base. Selon une étude de l'Insee réalisée en 2017, 4 logements sur 10 étaient en tôle. Ces habitations sont construites sans aucune norme et bien souvent dans des zones exposées à différents risques.

Malheureusement, ces habitats n’avaient aucune chance de tenir face aux monstrueuses rafales du cyclone intense CHIDO.

Une violence qui était prévue

Au lendemain du cyclone, certaines voix s'élevaient pour évoquer un cyclone plus fort que prévu. Or, la prévision concernant l’épisode CHIDO aura été particulièrement performante. 72h avant l’impact, l’hypothèse d’une influence potentiellement majeure était déjà évoquée.

À mesure que le cyclone approchait, ce scénario prenait de la consistance. Sur cycloneoi, 12h avant l’impact, nous avions nous même alerté dans notre point du 13 décembre sur le fait que Mayotte se dirigeait vers le scénario du pire, avec la possibilité de rafales de 200 km/h.

Il est à noter également l’excellente performance du CMRS de La Réunion, qui aura dégagé suffisamment à l’avance le scénario d’impact, permettant aux autorités de prendre les mesures qui s’imposaient. Une fois encore, l’expertise humaine aura été capitale, permettant de proposer un scénario proche de la réalité, malgré des modèles particulièrement divergents.

Selon les témoignages au niveau local, il est clair que bon nombre d’habitants ne s’attendaient pas à une telle violence. Certains pensaient que le cyclone changerait de trajectoire ou ne serait pas aussi fort. Il faut dire que jusqu’à présent, Mayotte avait toujours réussi à éviter le pire. De plus, comment pouvait-il imaginer un impact de cette ampleur ? 

Une conséquence du changement climatique ?

Enfin, beaucoup ont mis le cyclone CHIDO sur le compte d’un effet du changement climatique. Cette réflexion est légitime, devant le caractère inédit de cet épisode cyclonique pour Mayotte.

Sur ce point également, Météo-France apporte une réponse. Selon l’agence météorologique nationale, rien à ce stade ne permet d’associer CHIDO et changement climatique.

De plus, cet épisode est pour l’instant un fait rarissime. Il faut remonter à 1934 pour retrouver trace d’un événement similaire. En revanche, si ce type de scénario venait à se répéter, là, on pourrait vraiment s’inquiéter.

cycloneoi

Né au cœur d'une région propice aux phénomènes météorologiques intenses, ma fascination pour les cyclones tropicaux a débuté dès mon plus jeune âge. Mon intérêt pour ces forces de la nature m'a conduit à les étudier de près, afin de comprendre leur fonctionnement et anticiper leur évolution. En 2014, j'ai créé le site cycloneoi pour partager cette drôle de passion et pour informer en cas d'activité cyclonique - Patrick

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