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Le risque de marée de tempête concerne aussi le sud-ouest océan indien

Le 03/10/2022 à 11:21 0

Dans Infos Cyclone

Les images de la ville de Fort Myers en Floride pulvérisée par une catastrophique marée de tempête ont choqué. La région Sud-ouest de l'océan indien qui est affectée par les cyclones, n'est pas à l'abri d’un tel phénomène. Quelles sont les zones les plus exposées dans le bassin ? Éléments de réponse.

"Des marées de tempête catastrophiques c'est également possible dans le Sud-Ouest océan indien"

La marée de tempête s'annonçait destructrice et elle le fut. L'ouragan Ian qui a frappé récemment la Floride, a généré une surcote terrible (autre terme désignant la marée de tempête) pulvérisant la localité de Fort Myers beach.

Saviez-vous que le sud-ouest de l'océan indien n'est pas à l'abri d'un phénomène similaire ? Il faut savoir que certaines régions littorales du bassin sont exposées à cette menace majeure et potentiellement catastrophique. Étant donné le caractère meurtrier d'une marée de tempête, il est vital pour les populations de connaître quels sont les secteurs à risque.

Une espèce de tsunami cyclonique qui inonde, détruit et tue

La marée de tempête est une élévation anormale du niveau de la mer, entraînant une catastrophique submersion des terres. La combinaison pression minimale centrale et vent cyclonique sont à l'origine de la surcote. 

La baisse de pression au centre du cyclone réduit le poids de l'air au-dessus de l'océan. Ainsi, la mer est comme aspirée vers le haut, d'où la montée du niveau de la mer au cœur du cyclone.

Mais c'est surtout le vent violent qui souffle dans le mur de l'œil qui génère en grande partie ce phénomène. Le vent crée à l'avant du cyclone un courant  qui va s'accumuler sur le rivage, jusqu'au moment où l'eau finit par déborder et s'avancer profondément à l'intérieur des terres.

D'autre part, il est à noter que les littoraux les plus exposés sont ceux bordés par des eaux peu profondes, qui se trouvent dans des baies et qui ont des embouchures de fleuve dont l'évacuation de l'eau peut être bloquée par le vent.

En résumé, l'intensité de la surcote sera donc dépendante de la puissance du cyclone, mais aussi de la typologie du littoral et de la bathymétrie.

Enfin, il faut noter que la marée haute astronomique est un facteur aggravant de ce phénomène. Marée de tempête plus marée haute, voilà un cocktail explosif.

Quels sont les littoraux les plus exposés dans le Sud-Ouest océan indien?

Pour répondre à cette question, l'avis des experts de Météo France océan indien était indispensable. En tant que centre météorologique régional spécialisé cyclone (CMRS), l'agence basée à La Réunion est chargée de la veille cyclonique pour l'ensemble du Sud-ouest de l'océan indien. Son rôle, produire et diffuser aux pays du bassin des prévisions et bulletins en cas d'activité cyclonique.

Selon l'agence, les zones littorales du bassin les plus à risque sont le Mozambique, notamment la région de Beira. La baie d'Antongil et l'île Sainte Marie à Madagascar sont également des zones à risque. La côte ouest de la grande île est également exposée. Toutefois, le risque d'impact majeur semble moindre.

Zones exposées au marée de tempête cyclonique dans le sud-ouest océan indien

En revanche, les îles d'origine volcanique comme la Réunion par exemple, sont entourées par une mer profonde. De facto, elles sont moins exposées au risque de surcote majeur et catastrophique d'après Météo France océan indien.

"La Réunion plus exposée à d'autres phénomènes destrcuteurs que la marée de tempête"

L'île intense à peu de chance de vivre des marées de tempête de type Idai au Mozambique ou Ian en Floride. Cependant, elle n’en reste pas moins exposée à des phénomènes de submersion liés aux cyclones.

Saint Paul, Sainte Suzanne, la Saline et l’étang du Gol sont des zones pouvant être impactées. Toutefois, le risque lié à la marée de tempête seule est moins grand qu'au Mozambique. D’après Météo France, les valeurs de surcote sont beaucoup plus faibles à système équivalent du fait de la bathymétrie.

Pour une surcote significative, il faudrait à minima que l'œil passe directement sur la Réunion, ce qui est un fait rare. Au cours des 60 dernières années, cela n'est arrivé que 5 fois (Jenny 62, Denise 66, Clotilda 87, Firinga 89 et Colina 93). D’autre part, pour saint Paul, il faudrait également que le cyclone arrive par le nord-ouest, ce qui n’est pas fréquent.

À la Réunion, ce sont les phénomènes de houle cyclonique et de débordements de rivière, qui dans la grande majorité des cas font le plus de dégâts. N'oublions pas le vent qui peut être également dévastateur. Le relief marqué de l'île contribue à accélérer les rafales par endroit, y compris dans des secteurs habités de l'île.

"Anticiper le plus tôt possible la survenue d’une marée de tempête est vital pour alerter les populations du bassin"

La marée de tempête qui est le phénomène le moins connu du grand public est pourtant le plus mortel. Les pires catastrophes humaines liées aux cyclones sont provoquées par la surcote (Cyclone de Bhola en 1970 au Bangladesh plus de 300 000 morts, Cyclone Nargis en Birmanie en 2008 plus de 100 000 morts, Typhon Haiyan aux Philippines en 2013 plus de 6300 morts, ouragan Katrina en Louisiane en 2005 plus de 1800 morts).

Prévoir la survenue d’une marée de tempête et son intensité est donc un enjeu majeur. Pour ce faire, le CMRS de La Réunion dispose d'outils permettant de réaliser des prévisions de surcote dans le Sud-ouest océan indien.

Les prévisionnistes cyclone de la station du chaudron s'appuient notamment sur le modèle HYCOM qui simule la surcote à partir des champs de prévision du modèle AROME, développé par Météo-France. Ils utilisent également un outil qui combine les trajectoires ensemblistes du projet SPICY à des scénarios analogues déjà simulés (plusieurs dizaines de scénarios d'impact sur une centaine de points du bassin).

Grâce à ces outils, le CMRS est capable de prévoir et d’alerter les pays concernés par un risque de marée de tempête, en cas d’impact cyclonique envisagé sur les terres habitées. L’exemple le plus marquant de ces dernières années est incontestablement le cas du cyclone Idai en 2019.

Plusieurs jours avant l’impact sur le Mozambique, le CMRS avait publié régulièrement des bulletins alertant sur le scénario d’une marée de tempête potentiellement catastrophique et meurtrière pour la région de Beira.

Une journée de la résilience face aux risques pour sensibiliser la population

L’amélioration des systèmes de prévention et d’alerte ont permis de réduire considérablement le nombre de victimes lié à la marée de tempête. Malgré tout, le risque de perte en vies humaines reste élevé. La croissance démographique sur les régions côtières, l’élévation du niveau de la mer en lien avec le changement climatique et la fréquence de cyclone d’intensité extrême, sont des facteurs qui font peser une menace sérieuse sur la vie de millions de personnes.

Accroître la résilience des populations, tout comme la mise en oeuvre de système d’alerte précoce, sont des enjeux majeurs pour tenter d’atténuer l’impact des risques naturels sur les populations. Dans cette optique, une journée nationale de la résilience face aux risques naturels et technologiques est mise en place par le Gouvernement. Elle se tiendra tous les 13 octobre, qui est au niveau international, la journée pour la réduction des risques de catastrophes de l’ONU.

Selon le ministère de la transition écologique et de la cohérence des territoires, cette journée vise à sensibiliser, informer et acculturer les citoyens aux risques qui les entourent. L’objectif, contribuer à la préparation de tous, aux bons réflexes en cas de survenance d'une catastrophe. Dans ce cadre, le gouvernement a lancé un appel à projet pour labelliser les événements qui s’inscrivent dans le cadre de cette journée.

 

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