Depuis jeudi dernier, la polémique sur le non déclenchement de l'alerte rouge à la Réunion suite au passage au sud de BERGUITTA alimente les réseaux sociaux réunionnais. Le cas DAVINA en 1999, est l'exemple type inverse du cas d'une alerte rouge, où la population s'est demandée pourquoi celle-ci fut déclenchée. Ce cyclone venu de loin, se déplacera si vite qu'il parcourra 2500 km en l'espace de 4 jours. Le 7 mars, il devient cyclone tropical intense tout en poursuivant une trajectoire ouest sud-ouest remarquable de régularité, à une vitesse de 30 km/h! Le 8 mars dans la matinée, DAVINA transite au plus près de Rodrigues à environ 140 km au nord-ouest de l'île. Désormais, le cyclone représente une menace directe pour Maurice et la Réunion.
Sur sa trajectoire d'approche, le système commence à observer des oscillations de cap de plus ou moins grandes ampleurs, augmentant l'incertitude sur la zone de passage au plus près, tout comme ce fut le cas avec BERGUITTA. Les similitudes ne se s'arrêtent pas là, puisque le cyclone présente une structure très concentrée avec une zone de vent fort réduite. DAVINA frôle l'île Maurice à une quinzaine de kilomètres au sud-est au stade de cyclone tropical dans la nuit du 9 au 10 mars. La rafale la plus forte mesurée fut 169 km/h à Plaisance pourtant situé dans le demi cercle maniable. Selon le CMRS de la Réunion, étant donné la vitesse de déplacement (25 km/h) et le gradient de pression, les rafales sont estimées excéder les 200 km/h dans la partie sud de DAVINA, c'est à dire dans le demi cercle dangereux évité par Maurice. On peut donc dire que l'île a été particulièrement chanceuse en esquivant de peu les conditions paroxysmiques associées au cyclone.
Trajectoire du cyclone tropical Davina au moment du passage au plus près des îles sœurs (NOAA)
Le 10 mars, vers 7h30, DAVINA qui s'est affaibli en une forte tempête tropicale, et qui laissait planer le doute sur la zone de passage au plus près, transite finalement à 35 km au sud-est de la Réunion. Le maximum de vent atteint fut au Baril à Saint-Philippe, avec une rafale de 126 km/h et 169 km/h à Piton Sainte Rose. La dissymétrie du système (convection concentrée sur la partie sud de DAVINA) et la taille très réduite de la convection principale, font qu'une bonne partie de l'île ne ressent aucun effet lié à la tempête. Là aussi, avec un passage sur l'île ou au nord, l'histoire n'aurait pas été la même. Dans la partie sud de DAVINA, les rafales les plus fortes étaient encore estimées atteindre les 170-180 km/h sur mer. Avec le relief, cela aurait pu donner des rafales dépassant les 200 km/h par endroit. Tout comme Maurice, la Réunion a également échappé au pire.