La saison cyclonique 2023 de l’océan indien Nord est lancée avec la tempête tropicale MOCHA qui évolue dans le golfe du Bengale. Pour ce démarrage, le Myanmar pourrait être la première victime de cette saison, 15 ans après le terrible Nargis.
Risque d'impact pour le Myanmar
Image satellite de la tempête tropicale MOCHA - meteoblue
Le contexte actuel a favorisé le renforcement des vents d’Ouest au niveau de l’équateur. Cette situation a permis l’émergence d’une double circulation dépressionnaire de part et d’autre de l’équateur. Celle s'est développée sur le Sud du Golfe du Bengale a donné la tempête tropicale MOCHA (prononciation MOKHA, nom proposé par le Yemen). Il faut dire que ce phénomène est sous très haute surveillance.
Le système a le potentiel pour atteindre le stade de cyclone tropical ces prochains jours. Les eaux surchauffées du golfe et des conditions a priori favorables en altitude, devraient booster sa capacité à se renforcer. Mais le plus inquiétant, c’est la prévision d’impact avec une menace sérieuse pour le Myanmar à échéance de dimanche. En effet, les dernières tendances de trajectoire ciblent ce pays d'Asie du Sud-Est, avec comme point d’atterrissage potentiel l'État d’Arakan.
Une marée de tempête sous haute surveillance
Simulation de marée de tempête générée par MOCHA sur le potentiel point d'impact - IMD
Il est trop tôt pour une estimation précise de la zone d’atterrissage exacte. Par ailleurs, l’incertitude à cette échéance est encore élevée. Le scénario d'une trajectoire un peu plus au Nord avec un impact sur le Bangladeshne peut être encore totalement exclu à ce stade. Mais dans tous les cas, cette histoire finira forcément mal. Le golfe du bengale étant un cul de sac pour cyclone, MOCHA n'a pas d'autre choix que de frapper une terre après avoir traversé le golfe en diagonal.
Concernant l’intensité, MOCHA pourrait être un cyclone tropical au moment de toucher terre, générant de violentes conditions cycloniques sur le point d’atterrissage. Mais le phénomène sous haute surveillance est la marée de tempête. Tant redouté, ce dernier se caractérise par une élévation anormale du niveau de la mer et à l’origine d’inondations meurtrières sur les terres. La marée de tempête, qui a des allures de tsunami, est le phénomène le plus mortel au sein d'un cyclone.
Selon les modèles de simulation de marée de tempête développée par le service météorologique indien (IMD), celle-ci pourrait être de l’ordre de 1.5m à 2m au-dessus du niveau de la marée astronomique. L’IMD prévient qu’elle pourrait entraîner une submersion des zones basses du Nord du Myanmar et des côtes Sud-Est du Bangladesh durant l'atterrissage.
15 ans après NAGIS
Il y a 15 ans, le cyclone NARGIS engendra un marée de tempête meurtrière sur le Sud du Myanmar. La mer s'est engouffrée sur plusieurs kilomètres à l'intérieur des terres comme le montre l'image ci-dessus issue de la NASA. Dans le même temps, les fleuves et rivières sont sortis de leur lit par effet de blocage, aggravant les inondations.
Cette menace sérieuse intervient alors qu’on vient de commémorer les 15 ans du dramatique cyclone NARGIS. Dans la nuit du 1er et 2 mai 2008, le Myanmar vivait l’un des pires événements cycloniques de son histoire. La marée de tempête générée par le système a grandement contribué au catastrophique bilan humain. Officiellement, NARGIS a fait plus de 84 000 victimes. Mais officieusement, on parle de 140 000 morts.
Aujourd'hui encore, ce cyclone hante bien des esprits au Myanmar et le nom NARGIS est maudit pour les birmans. Espérons que MOCHA ne ravive les fantômes du passé.
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