Le centre européen de prévision a publié à mise jour ses tendances d’activité cyclonique à long terme. La période observée court sur 6 mois, soit d’octobre 2024 à mars 2025, ce qui englobe une grande partie de la prochaine saison cyclonique du Sud-Ouest océan indien.
Ces tendances donnent un aperçu approximatif du niveau d’activité possible (en dessous de la normale, normale ou au-dessus de la normale). Elles proposent également une estimation des zones géographiques où le risque serait plus ou moins important que la normale.
Tout cela étant dit, voyons ensemble ce qu’il ressort de ces tendances de septembre.
Une activité qui s’annonce au moins dans la norme
Pour rappel, l’énergie cyclonique accumulée (ACE) est l’indice le plus objectif pour qualifier le niveau d’activité. Celui-ci serait proche ou au-dessus de la normale selon le centre européen de prévision. Ainsi, le scénario d’une saison moins active que la normale semble être pour l’instant la moins probable.
Ce produit du CEP indique si l’ACE estimée pour la prochaine saison cyclonique sera inférieure, proche de la normale ou supérieure à la normale. La barre verte étant plus grande que la barre orange qui représente la normale, ceci indique que l’ACE est suggérée par le CEP comme proche à supérieure à la normale.
D’autre part, le CEP suggère un nombre de tempête proche voire au-dessus de la normale. Pour mémoire, la moyenne de tempêtes par saison est d’environ 10. Enfin, le nombre de tempête évoluant en cyclone pourrait être proche à au-dessus de la normale, toujours selon le CEP. Tout cela est plutôt cohérent avec un ACE annoncé comme proche à au-dessus de la normale.
Que dit le CEP sur le zonage du risque ?
Le CEP semble tabler sur une activité renforcée sur la partie Ouest du bassin ainsi que dans le canal du Mozambique. On notera également que la signature de cette anomalie fait penser à des trajectoires plutôt de type zonale (Est > Ouest) ou parabolique (Ouest puis virage Sud).
Autrement dit, si on se tient à cette tendance, il n’est pas exclu que le risque pour la côte Est et Ouest de Madagascar, mais aussi pour le Mozambique puisse être renforcé au cours de la prochaine saison cyclonique.
Concernant les autres terres habitées, ces tendances ne permettent pas de favoriser un scénario en particulier. Mais dans tous les cas, une activité renforcée dans le secteur Ouest, c'est-à-dire proche des zones habitées, nécessitera peut-être une attention accrue.
Comment expliquer ces tendances ?
Comme toujours, les prévisions à long terme sont réalisées en observant les différents phénomènes ayant une influence sur l’activité cyclonique du bassin. Généralement, deux sont suivis de près.
Le premier est d’ordre global. Il s’agit de l’oscillation australe mieux connue sous l’acronyme ENSO (El Nino Southern Oscillation) qui influe sur le climat à l’échelle de la planète. Selon le service météorologique australien (BOM), cette dernière est actuellement neutre. Au cours des prochains mois il pourrait rester neutre voire s’approcher du niveau La Nina.
L’autre phénomène cette fois-ci d’ordre régional est le dipôle océan indien qui est en lien avec la température de la surface de l’océan indien Sud. Actuellement neutre, l’IOD pourrait d’ici à la fin d’année approcher le seuil négatif sans véritablement le franchir d’après le BOM. De son côté, le CEP suggère une anomalie plus ou moins positive du Sud-Ouest océan indien au cours de la prochaine saison cyclonique.
Un autre élément déterminant est le niveau du cisaillement attendu. Trop de cisaillement impacte négativement le niveau d’activité, a contrario, moins de cisaillement favorise les cyclogenèses et les intensifications. Selon le modèle climatique américain CFS, le cisaillement pourrait être dans la norme voire moins présente que d’habitude durant le cœur de la saison cyclonique.
Des tendances à prendre toujours avec des pincettes
En résumé, à ce stade, l’évolution attendue des différents facteurs climatiques et environnementaux ne présente pas d’anomalie future qui jouerait le rôle de frein à la cyclogenèse. Ceci expliquerait pourquoi le CEP table sur une activité au moins normale voire au-dessus de la normale.
Attention, tout cela ne reste que de la pure théorie. Plus les tendances sont à des échéances éloignées, plus le niveau d’incertitude est grand. Nous avons déjà eu le cas de saison attendue moins active qui ont été au finale plus active et l’inverse également. Il suffit de voir les tendances pour la saison des ouragans 2024. Le CEP avait suggéré une activité très au-dessus de la normale. En ce mois de septembre, on ne peut pas dire que cela s’est justifié dans les faits, même si nous ne sommes jamais à l’abri d’un rattrapage.
Nous verrons le mois prochain si ces tendances se confirment. Rappelons que le centre météorologique régional spécialisé cyclone de La Réunion publiera ses tendances officielles au cours du mois d’octobre. Nous verrons alors à quoi s’attendre de cette saison cyclonique 2024/2025 du Sud-Ouest océan qui approche à grand pas.