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Procédure de baptême des cyclones revisée

Le 18/10/2017 à 15:55 1

Dans Infos Cyclone

Si la Réunion est le centre officiel chargé de la veille cyclonique dans le sud-ouest de l'océan indien, c'est Madagascar et Maurice qui ont la responsabilité du baptême des systèmes dépressionnaires tropicaux. Une procédure plutôt atypique qui a par le passé conduit à des cafouillages.

Fonctionnement de la veille cyclonique mondiale

Afin d'assurer une veille cyclonique mondiale, l'Organisation Mondiale de la Météorologie (OMM) a désigné dans chaque bassin cyclonique un centre météorologique spécialisé pour la prévision cyclonique (CMRS). Il en existe 6 à travers le monde, Miami pour l'Atlantique Nord et le Pacifique Nord-Est, Tokyo pour le Pacifique Nord-Ouest, Honolulu pour le Pacifique Central, New Delhi pour l'Océan Indien Nord (Mer d'arabie et Golfe du Bengale), Nadi pour le Pacifique Sud-Ouest et la Réunion pour l'Océan Indien Sud-Ouest. 6 centres secondaires appelés TCWC complètent ce dispositif. A noter que se sont les TCWC de Djakarta (Indonésie) et Perth (Australie) qui assurent la veille cyclonique pour la partie Sud-Est de l'Océan Indien.

Zone de responsabilité du CMRS de la Réunion (OMM)

Zone de responsabilité du CMRS de la Réunion (OMM)

Faisant partie du Programme des Cyclones Tropicaux (TCP) de l'OMM, ces centres ont pour mission de surveiller le bassin cyclonique sous leur responsabilité. C'est ainsi que le centre des cyclones de la Réunion est chargé depuis 1993 de suivre l'ensemble des systèmes dépressionnaires tropicaux évoluant dans le bassin sud-ouest de l'océan indien, de leur formation à leur dissipation. Le CMRS de la Réunion doit donc diffusé des bulletins à l'ensemble des services météorologiques de la zone qui comprend Madagascar, Maurice, les Seychelles, les Comores, ainsi qu'une partie des pays d'Afrique Australe (Malawi, Mozambique, Swaziland, Tanzanie, Zimbabwe, Afrique du Sud et Botswana).

Une procédure de baptême atypique

Les CMRS étant chargés de détecter la formation d'un phénomène cyclonique et de suivre leur évolution ont donc naturellement la responsabilité de baptiser un système dès lors que celui-ci atteint les critères de baptême. Pour le bassin sud-ouest de l'océan indien, la procédure de baptême est un peu plus complexe. C'est en 1988, lors de la 8eme cession du comité des cyclones tropicaux de l'océan indien sud-ouest qui s'était tenue à Madagascar que fut recommandée la désignation d'un CMRS à la Réunion, assisté des centres sous-régionaux de Madagascar et Maurice. Après un long parcours du combattant durant lequel la Réunion dut faire ses preuves, c'est lors de la 45e cession du Conseil Exécutif de l'OMM de juin 1993, que le centre de la Réunion sera officiellement désigné CMRS pour le bassin sud-ouest de l'océan indien, tandis que le baptême des systèmes dépressionnaires tropicaux fut laissé à la charge de Madagascar et de Maurice.

 

Concrètement, lorsqu'un système est proche d'atteindre le stade de Tempête Tropicale Modérée, le CMRS de la Réunion ainsi que le centre sous-régional dans lequel se situe la perturbation prennent contact et se consultent. Au terme d'une discussion technique, si le stade de TTM est avéré atteint, le centre sous-régional concerné baptise le système. Cette procédure qui sur le fond est plutôt louable, car prenant en compte une forme de coopération régionale, n'est pas à l'abris de couac dans le cas ou les centres sont en désaccords sur l'intensité d'un phénomène. Le cas de la Tempête Tropicale n°9 non baptisée en février 2006, qui de surcroît menaçait potentiellement la Réunion et Maurice, est vraisemblablement l'épisode le plus représentatif des couacs que pouvait engendrer cette procédure de baptême.

Un désaccord qui aurait pu coûter cher

Pour rappel, un système atypique de type midget (nain) et s'étant formé au nord-ouest des Mascareignes, présentait selon le centre des cyclones de la Réunion, les caractéristiques requises pour être baptisé en date du 19 février 2006. Sauf que les prévisionnistes du Service Météorologique de Maurice ne voyaient absolument pas les choses de la même manière, considérant le système comme faible, relate le CMRS dans sa publication sur la saison 2005/2006. Or, il s'avère qu'après réanalyse, le stade de Forte Tempête Tropicale était atteint, alors qu'il se trouvait à une distance très rapprochée du nord de Maurice. Le système était donc porteur de vents potentiellement violents près du centre. Si la tempête avait impacté directement l'île, c'est une population non préparée qui aurait fait face à un épisode cyclonique possiblement sévère.

Tempête Tropicale n°9 le 19 février 2006 à 1300z (NRL)

La Tempête Tropicale n°9 le 19 février 2006 à 1300z se dirigeant vers le sud-est et se rapprochant dangereusement de l'île Maurice (NRL)

Une modification qui arrange tout le monde

Si Dieu merci ce genre de situation est rarissime, les représentants des différents pays membres du comité des cyclones tropicaux de l'océan indien sud-ouest (CCT), réunis récemment aux Seychelles à l'occasion de la 22eme cession du CCT, ont adopté une modification dans la procédure de baptême qui permettra à l'avenir d'éviter les situations ubuesques. Selon les informations qui nous ont été transmises par Météo France Océan Indien, il sera désormais mentionné dans le plan d'opération, que le CMRS de la Réunion aura le dernier mot pour décider du baptême des systèmes, en cas de désaccord avec les centres sous-régionaux (Madagascar-Maurice). Voilà une modification qui nous le pensons devrait satisfaire toutes les parties, puisque les centres sous-régionaux attachés au fait de baptiser gardent leurs prérogatives, tandis que le CMRS de la Réunion pourra baptiser en dernier recours en cas de désaccord.

Philippe CAROFF ovationné

En plus de cette modification apporter dans le plan d'opération, Météo France Océan Indien nous indique qu'une liste de nom de baptême a été retouchée pour remplacer les 6 noms utiliser lors de la précédente saison cyclonique. Cette nouvelle liste doit encore être finalisée par Philippe CAROFF (responsable opérationnel au centre des cyclones de la Réunion), certains pays demandant un délai supplémentaire afin de faire valider les noms par leur gouvernement. D'ailleurs, il est à noter qu'au cours de cette 22eme cession du CCT, Philippe CAROFF que l'on surnome à la Réunion Mr cyclone, fut gratifié d'une chaleureuse ovation, pour le remercier de son engagement sans faille, au service de l’amélioration de la prévision des cyclones tropicaux, au bénéfice de l’ensemble des pays de la zone. Nous aussi nous profitons de l'occasion pour le rendre un hommage appuyé et saluer l'équipe du CMRS de la Réunion, ainsi que le directeur de Météo France Océan Indien, pour leur disponibilité et leur gentillesse. 

PR

  • Source : Météo France Océan Indien / Organisation Mondiale de la Météorologie
  • Image d'ilustration : trajectoire de la Tempête Tropicale n°9 (Météo France)

Commentaires

  • Margot

    1 Margot Le 23/12/2024

    Merci pour cet article fascinant sur le baptême des cyclones, un sujet aussi atypique qu’instructif ! J’ai appris beaucoup de choses sur la procédure et l’histoire derrière cette pratique, qui donne une identité presque humaine à ces phénomènes météorologiques impressionnants.

    Ce type d’information me rappelle également l’importance des symboles dans d’autres types de baptêmes, comme les baptêmes religieux ou les communions. Pour marquer ces moments spéciaux avec une touche d’élégance et de tradition, je recommande Dragées Massardier - Baptême pour des idées de dragées personnalisées et Dragées Massardier - Communion pour accompagner les communions avec des créations raffinées.

    Encore merci pour cet éclairage unique sur un sujet si original !

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