Les CMRS étant chargés de détecter la formation d'un phénomène cyclonique et de suivre leur évolution ont donc naturellement la responsabilité de baptiser un système dès lors que celui-ci atteint les critères de baptême. Pour le bassin sud-ouest de l'océan indien, la procédure de baptême est un peu plus complexe. C'est en 1988, lors de la 8eme cession du comité des cyclones tropicaux de l'océan indien sud-ouest qui s'était tenue à Madagascar que fut recommandée la désignation d'un CMRS à la Réunion, assisté des centres sous-régionaux de Madagascar et Maurice. Après un long parcours du combattant durant lequel la Réunion dut faire ses preuves, c'est lors de la 45e cession du Conseil Exécutif de l'OMM de juin 1993, que le centre de la Réunion sera officiellement désigné CMRS pour le bassin sud-ouest de l'océan indien, tandis que le baptême des systèmes dépressionnaires tropicaux fut laissé à la charge de Madagascar et de Maurice.
Concrètement, lorsqu'un système est proche d'atteindre le stade de Tempête Tropicale Modérée, le CMRS de la Réunion ainsi que le centre sous-régional dans lequel se situe la perturbation prennent contact et se consultent. Au terme d'une discussion technique, si le stade de TTM est avéré atteint, le centre sous-régional concerné baptise le système. Cette procédure qui sur le fond est plutôt louable, car prenant en compte une forme de coopération régionale, n'est pas à l'abris de couac dans le cas ou les centres sont en désaccords sur l'intensité d'un phénomène. Le cas de la Tempête Tropicale n°9 non baptisée en février 2006, qui de surcroît menaçait potentiellement la Réunion et Maurice, est vraisemblablement l'épisode le plus représentatif des couacs que pouvait engendrer cette procédure de baptême.
Un désaccord qui aurait pu coûter cher
Pour rappel, un système atypique de type midget (nain) et s'étant formé au nord-ouest des Mascareignes, présentait selon le centre des cyclones de la Réunion, les caractéristiques requises pour être baptisé en date du 19 février 2006. Sauf que les prévisionnistes du Service Météorologique de Maurice ne voyaient absolument pas les choses de la même manière, considérant le système comme faible, relate le CMRS dans sa publication sur la saison 2005/2006. Or, il s'avère qu'après réanalyse, le stade de Forte Tempête Tropicale était atteint, alors qu'il se trouvait à une distance très rapprochée du nord de Maurice. Le système était donc porteur de vents potentiellement violents près du centre. Si la tempête avait impacté directement l'île, c'est une population non préparée qui aurait fait face à un épisode cyclonique possiblement sévère.
La Tempête Tropicale n°9 le 19 février 2006 à 1300z se dirigeant vers le sud-est et se rapprochant dangereusement de l'île Maurice (NRL)
Une modification qui arrange tout le monde
Si Dieu merci ce genre de situation est rarissime, les représentants des différents pays membres du comité des cyclones tropicaux de l'océan indien sud-ouest (CCT), réunis récemment aux Seychelles à l'occasion de la 22eme cession du CCT, ont adopté une modification dans la procédure de baptême qui permettra à l'avenir d'éviter les situations ubuesques. Selon les informations qui nous ont été transmises par Météo France Océan Indien, il sera désormais mentionné dans le plan d'opération, que le CMRS de la Réunion aura le dernier mot pour décider du baptême des systèmes, en cas de désaccord avec les centres sous-régionaux (Madagascar-Maurice). Voilà une modification qui nous le pensons devrait satisfaire toutes les parties, puisque les centres sous-régionaux attachés au fait de baptiser gardent leurs prérogatives, tandis que le CMRS de la Réunion pourra baptiser en dernier recours en cas de désaccord.