Une saison cyclonique 2021/2022 du sud-ouest océan indien détraquée

Météo-France océan indien a publié son traditionnel bilan de l'activité concernant la dernière saison cyclonique, en l'occurrence 2021/2022. Cet exercice, réalisé à chaque fin de saison, revient en détail et en chiffre sur les faits saillants de la saison.

Rarement, ce bilan aura été aussi long. On sent que les prévisionnistes cyclones de la station du chaudron avaient des choses à dire. Et pour cause, la saison 2021/2022 du sud-ouest océan indien présente de nombreuses anomalies.

Première anomalie, un démarrage exceptionnellement tardif

Il a fallu attendre le 20 janvier 2022 pour voir la première activité se mettre en place avec les débuts de la future tempête ANA. Même pas une petite dépression ou perturbation à se mettre sous la dent jusqu’à cette date. Cette absence totale d'activité jusqu'à une date aussi tardive est sans précédent depuis 1967 (début de l'ère satellitaire).

Deuxième anomalie, une activité jamais vue en l'espace d'un mois et demi

Après un retentissant zéro pointé jusqu'à la dernière décade de janvier, le bassin va connaître un coup de folie qui va rester dans les annales. Du 22 janvier au 7 mars, 9 systèmes vont s'enchaîner à un rythme effréné. Il aura suffi de septs semaines pour voir autant de systèmes que durant une saison entière !

Troisième anomalie, Madagascar criblé d'impact comme jamais !

Annus horribilis pour Madagascar. C'est en ces termes que Météo-France océan indien qualifie cette saison pour la Grande d'Île. Quand on se prend 6 impacts directs en une saison, on veut bien croire que c'était une saison horrible. Jamais, au grand jamais, l'île n'a été autant frappée sur une saison. Alors il est vrai que Madagascar est un des territoires les plus exposés au monde par les cyclones. Mais là, ça dépasse l'entendement.

Quatrième anomalie, l'ovni JASMINE

Dans son bilan, Météo-France océan indien qualifie la tempête tropicale JASMINE de singularité voire quasiment une anomalie. Ce système de fin de saison est en effet une bizarrerie, dans la mesure où c'est la première fois depuis le début de l'ère satellitaire (1967) que le canal du Mozambique accouche d'une tempête aussi tard dans la saison.

Cinquième anomalie, toujours JASMINE

Non-content d'être le premier système à s'être formé dans le canal en avril, JASMINE va également entrer dans les annales comme étant la première forte tempête tropicale à directement impacter Tuléar (sud-ouest de Madagascar). Jamais la "cité du soleil" n'avait été touchée par un système de cette intensité.

Au cours de cette saison cyclonique 2021/2022, 13 systèmes ont évolué sur le bassin Sud-ouest de l'océan indien. Ce chiffre est au-dessus de la moyenne saisonnière qui est d'environ 9/10 par saison. En nombre de systèmes observé, cette saison pourrait être considérée comme active. Mais il y a un mais.

D'une part, on ne compte que 5 cyclones tropicaux sur ces 13 systèmes. D'autre part, la moitié a été des phénomènes de faibles intensité, et à la durée de vie relativement courte. L'indice ACE (énergie cyclonique cumulée), qui est l'indicateur le plus objectif pour qualifier le niveau d'activité d'une saison, est légèrement au-dessus de la moyenne.

Évolution de l'indice ACE de la saison cyclonique 2021/2022 du sud-ouest océan indien - Météo-France océan indien
 

En termes de jours cumulés avec la présence sur le bassin d'un système (tempête ou cyclone), il s'élève à 59. Cela est peu pour une saison à 13 systèmes. À titre de comparaison, il était de 68 la saison dernière avec pourtant 12 systèmes au total.

Une saison normale remplie d'anormalité

Au final, l'ACE et le nombre de jours cumulé d'activité perturbée significative, viennent relativiser les choses. Tous ces éléments mis bout à bout, permettent de dire que malgré une saison détraquée dans son déroulement et avec de nombreux faits inédits, 2021/2022 est en termes d'activité globale une saison normale.

Cela étant dit, les trajectoires zonales ont eu pour effet de renforcer considérablement l'impact pour les terres habitées. Si les Mascareignes (notamment La Réunion et Maurice) l'ont échappé de justesse en ayant l'incroyable chance d'éviter le pire des deux cyclones intenses qui ont circulé dans leur voisinage, on ne peut pas en dire autant de Madagascar et du Mozambique. Pour ces deux territoires, 2021/2022 est une saison cyclonique meurtrière.

PR