Les tendances se suivent et se ressemblent
Les dernières tendances du CEP concernant la saison 2023/2024, suggèrent une activité inférieure à la normale saisonnière. Le produit d’anomalie de «Densité des Tempêtes Tropicales» attendues sur la période octobre 2023 à mars 2024, identifie une activité réduite par rapport à la moyenne climatologique.
Cette anomalie d’activité réduite concerne l’ensemble du Sud-Ouest océan indien. Elle est marquée dans la zone de cyclogenèse habituelle du bassin, mais aussi dans le canal du Mozambique. Il est à noter que nous sommes dans le prolongement des tendances précédentes qui envisageaient déjà une activité en retrait.
El Nino à la manœuvre!
L'avènement d’un épisode El Nino dans le pacifique n'est pas étranger à ces tendances. En effet, ce phénomène qui est la phase positive de l’oscillation australe (ENSO), est généralement associée à des saisons avec une activité réduite pour le Sud-Ouest océan indien.
Un contexte El Nino se matérialise par une température de la surface du bassin plus chaude et par une humidité des couches moyennes de la troposphère normale. Habituellement, cela plaide en faveur d’une activité au moins dans la norme. Néanmoins, cet avantage est contrebalancé, voire effacé par un environnement anormalement cisaillé en altitude et par un manque de convergence en basse couche.
Un El Nino significatif en vue ?
À en croire les dernières tendances, l’anomalie chaude dans le pacifique poursuivra sa montée en puissance ces prochains mois. Il y a donc le potentiel pour observer un El Nino de forte intensité. Ce qui explique la prévision du CEP qui privilégie une saison cyclonique anormalement moins active.
Le dernier El Nino de grande ampleur fut celui de 2015/2016. Malgré un épisode cyclonique exceptionnel avec le cyclone très intense Fantala, l’activité fut en retrait par rapport aux normales saisonnières.
Notons que cette saison s'était déroulée dans un contexte de dipôle océan indien subtropical (DSOI) fortement positif. Ce mélange (DSOI fortement positif + El Nino fort) est généralement un cocktail très défavorable à l’activité dans notre bassin. Pour la prochaine saison, le DSOI resterait sur des valeurs plutôt neutres.
Est-ce que ça veut dire moins de risques ?
Le piège de ces tendances serait de croire qu’il n’y aura pas de danger au cours de la saison cyclonique 2023/2024. Prenez garde à ne pas tomber dans le panneau. On ne peut pas dire qu’il existe une corrélation entre activité réduite et risque réduit. Autrement dit, moins de systèmes ne veut absolument pas dire moins de danger!
On pourrait même dire qu’une possible démobilisation serait très dangereuse. Ainsi, malgré un nombre de systèmes potentiellement en retrait par rapport à la normale, il va falloir apporter la même attention comme à chaque saison cyclonique. Rappelons qu’il suffit d’un seul système pour engendrer une catastrophe.
Enfin, précision qu’il s’agit de tendances avec une part énorme d’incertitude, du fait de l’échéance extrêmement lointaine (sur 6 mois). Toutes ces prévisions sont donc à prendre avec la plus grande des prudences.
La saison cyclonique 1982/1983 est une saison très peu active. Sur les 7 systèmes nommés, seulement 5 avaient réellement atteint les critères de baptême, ce qui fait de 1982/1983 une des saisons les moins actives de l’histoire du bassin. Cela n’a pas empêché la survenue d’une catastrophe, avec le cyclone Elinha qui balaya l’archipel des Comores. Selon la réanalyse du CMRS de La Réunion, le système avait atteint le stade minimal de cyclone tropical au moment de traverser l’archipel. Le cyclone causa de nombreux dégâts à Anjouan et Mohéli. Le bilan fait état de 33 morts, 52 blessés et plus de 20 millions de dollars de dégâts - Source : CMRS de La Réunion