Les observations de 16h30 et 17h30 ne font que confirmer les craintes. La pression atmosphérique a continué de chuter, alors qu'il remonte sur l'ensemble des îles de l'archipel. A 17h30, la pression était de 996 mb à Saint-Denis, le vent s'était renforcé, aucun doute, le cyclone est en phase d'approche finale et un passage espéré plus loin à l'Ouest s'éloigne. En fin d'après-midi, la liaison entre Madagascar et la Réunion est coupée (elle ne sera rétablie que le 29 janvier), le cyclone est sur le point de déferler sur l'île.
C'est donc au cœur de la nuit du 26 au 27 janvier qu'aura lieu maximum de cet épisode cyclonique hors norme pour l'île. Le phénomène transite au plus près de la Réunion le long des côtes Ouest, à une distance de moins de 50 km. Sa trajectoire place l'île dans la pire situation possible, dans la mesure ou la Réunion se retrouve dans le demi cercle "dangereux", et sous l'effet direct du flux le plus violent. C'est lorsque le vent tourne au secteur Nord-Est et Nord, qu'il fut le plus dévastateur. La dernière mesure de vent officiel relevée à Saint-Denis avant destruction de l'anémomètre, était une rafale de 220 km/h le 27 janvier à 00h15. Le chef du service météorologique de la Réunion qui a vécu le cyclone, estime pour sa part que les vents maximums pourraient avoir dépassés les 300 km/h.
La violence extrême des vents est attestée par l’abattage du pylône radio de Saint-Denis qui faisait 100 m de hauteur, et, par l'étendu des ravages constatés sur les infrastructures et les habitations. Il ne fait aucun doute que les rafales qui ont déferlé durant le pic des conditions cycloniques, avaient atteint un niveau rarement observé sur l'île. Si la pression observée à Saint-Denis (972 mb) fut moins basse que lors des cyclones d'avril 1944 (955 mb) et avril 1945 (962 mb), l'impact fut nettement plus sévère que ses deux prédécesseurs qui avaient pourtant déjà laissé un souvenir douloureux aux Réunionnais. Selon les observations de l'époque, le cyclone 48 se rapprocherait du cyclone des 10-11 février 1829, qui balaya l'île durant 42 heures et provoqua un raz-de-marée catastrophique.
Le service météorologique de Madagascar conclut son étude en indiquant qu'il s'en est fallu de peu, pour que l'île évite un tel désastre. Un simple déplacement de la trajectoire de 50 km à l'Ouest, eût atténué les conséquences du cyclone dans des proportions considérables. Cette fois-ci, hélas, la Réunion n'aura pas eu cette chance. En plus des destructions et des morts qui se comptent par centaine (165 selon le chiffre officiel), se rajoute le sordide lorsque des corps arrachés du cimetière de l'Est par la puissante houle cyclonique, sont retrouvés échoués le long du front de mer de Saint-Denis. Horreur également à Saint-Leu, ou une avalanche de boue engloutit une grande partie de la ville, se retrouvant coupée du reste de l'île, au point que des vivres sont parachutés d'avion pour ravitailler la population. Difficile pour un Réunionnais du 21e siècle de croire que tout cela soit vraiment arrivé, et pourtant...