Selon les tendances saisonnières de l’ICPAC, la période octobre à décembre s’annoncent plus humide que d’habitude sur la plupart des régions de la Corne de l’Afrique. D’après le rapport, la probabilité que le sud de l’Éthiopie, l’est du Kenya et le sud de la Somalie connaissent des précipitations inhabituellement élevées est forte (80%).
Ces perspectives s'expliquent par un contexte à la fois global et régional propice à cette situation. La combinaison d’un épisode El Nino dans le pacifique et d’un dipôle océan indien positif, seront les moteurs du climat ces prochains mois. Ce duo est généralement associé à des conditions plus humides que la normale sur la corne de l’Afrique.
Il faut dire que l’Afrique australe sort de 3 années d’une sécheresse qualifiée de “dévastatrice” par le Dr Wilfran Moufouma Okia, responsable des services régionaux de prévision climatique à l'OMM.
Débutée durant le dernier trimestre 2020, cette sécheresse a affecté des millions de personnes, notamment en Éthiopie, au Kenya ainsi qu’en Somalie, tué des millions de têtes de bétail et détruit les récoltes selon l’Organisation Météorologique Mondiale. La perspective d’un retour des précipitations sur la corne de l’Afrique est forcément une nouvelle positive.
Néanmoins, le Dr Wilfran Moufouma Okia met en garde contre l’extrême inverse. En effet, ces années de grave sécheresse pourraient laisser place à de fortes précipitations, avec un risque pour les populations locales et leur culture de subsistance.
Une mise en garde partagée par le Dr Guleid Artan, directeur de l'ICPAC. Ce dernier n’hésite pas à rappeler les pluies diluviennes et mortelles qui ont frappé à l’occasion du dernier épisode El Nino en 2015/2016. Déjà, la saison des Gu Rains entre mars et mai 2023, était à l’origine de fortes précipitations sur la corne de l'Afrique. La Somalie fut particulièrement affectée avec des dizaines de victimes et des centaines de milliers de personnes déplacées.
Le Dr Guleid Artan conseille aux gouvernements et aux agences de gestion des catastrophes de prendre toutes les mesures nécessaires pour sauver des vies et préserver les moyens de subsistance.
D’après les tendances saisonnières de l’ICPAC, la saison des pluies pourrait connaître un démarrage précoce sur l’est du Kenya, le sud de la Somalie et l’est de la Tanzanie. A contrario, elle pourrait être retardée sur l’ouest du Kenya, de l’Ouganda, sur la région sud du sud Soudan, au Rwanda, au Burundi et sur le nord-ouest de la Tanzanie.
Enfin, une grande partie de la corne de l’Afrique devrait connaître des températures plus chaudes que la normale durant le dernier trimestre de l’année. Cette anomalie de température élevée serait le plus marquée sur Djibouti, l'Érythrée, le nord de l'Éthiopie, le nord de la Somalie et certaines parties de la côte tanzanienne.