Après ce mois d’Août qui constitue le cœur de l’hiver austral dans l’océan indien Sud, nous basculerons progressivement vers l’intersaison. Qu’est ce que le climat nous réserve pour les mois à venir ? Le centre européen de prévision nous propose un scénario avec les tendances pour la période Septembre Octobre Novembre qui viennent d’être publiées.
Pluvieux à l’Ouest, sec à l’Est
Un signal pluvieux très marqué est identifié sur l’extrémité Nord-Ouest de l’océan indien Sud. Ainsi, des conditions anormalement humides sont envisagées pour la corne de l’Afrique (Somalie, Est de l'Éthiopie, Kenya voire une partie de la Tanzanie).
À l’inverse, des conditions plus sèches que la normale sont attendues sur la partie centrale et orientale de l’océan indien Sud. Une grande partie de l’Indonésie et l’Australie doivent donc s’attendre à une période d’intersaison particulièrement sèche.
Enfin, à noter que le contexte pourrait être également un peu plus sec que la normale sur le Mozambique, le Canal du Mozambique et l’Ouest de Madagascar.
Il n’y a pas de scénario privilégié ailleurs pour les autres zones habitées de l’océan indien Sud.
Plus chaud à l’Ouest, plus frais à l’Est
On retrouve la même division en termes de températures. Une anomalie chaude reste envisagée sur la partie occidentale de l’océan indien Sud. À contrario, une anomalie froide demeure sur la partie orientale.
La situation est diamétralement opposée à celle d’il y a un an. Pour la période Septembre Octobre Novembre 2022, c’est l’inverse qui était attendu, avec une anomalie froide marquée côte Ouest et une anomalie Chaude côte Est.
Une conséquence d’El Nino ?
Selon les différents modèles climatiques, les prochains mois se dérouleront dans un contexte de dipôle océan indien positif (IOD+) et d’oscillation australe en phase El Nino dans le pacifique.
Ce duo est généralement associé à des températures et précipitations renforcées sur la partie occidentale de l’océan indien Sud. En revanche, ce sont des conditions plus fraîches et sèches sur la partie orientale.
Selon le service météorologique australien (BOM), l’IOD resterait positif au moins jusqu’en début d’année 2024. Quant à El Nino, il pourrait atteindre une intensité particulièrement élevée durant le reste de l’année 2023.
Quel impact sur les terres habitées ?
Dans ce contexte, il est à craindre une sécheresse marquée sur l’Indonésie et l’Australie. Cette situation pourrait accroître le risque d’incendie notamment en Australie. Rappelons que les violents incendies qui ont frappé le continent australien en 2019 et 2020 se sont déroulés dans un contexte d’IOD fortement positif.
À l’autre bout de l’océan indien sud, ce contexte climatique à l’échelle régionale et globale pourrait renforcer les précipitations sur la corne de l’Afrique. Il est à noter que cette anomalie pluvieuse se maintiendrait durant l’été austral sur cette partie de l’Afrique, avec des risques en termes de crues soudaines.
Quelles tendances pour l’activité cyclonique ?
Le centre européen de prévision (CEP) propose également des tendances en termes d’activité cyclonique sur une période de 6 mois. Les dernières tendances valides au 1er Août couvrent la période allant de Septembre à Février. Cela nous donne une idée (très approximative) du scénario potentiel pour le début de la saison cyclonique 2023/2024.
Selon le CEP, une anomalie négative de la densité de tempête est suggérée pour cette période sur le Sud-Ouest océan indien. Dans le même temps, la prévision d’énergie cyclonique cumulée (ACE) pour cette période à l’échelle de l’océan indien Sud est significativement faible. Comment interpréter le résultat de ces 2 produits ?
A priori, cela pourrait être le signe d’un démarrage tardif de la saison cyclonique dans l’océan indien Sud. En général, l’activité démarre sur la partie orientale du bassin. Or, avec des conditions suggérées hostiles sur le Sud-Est océan indien, les cyclogenèses pourraient avoir du mal à aboutir dans cette région. Ainsi, il faudrait attendre l’émergence de l’activité côté Ouest un peu plus tard dans la saison, d’où un retard potentiel.
L’anomalie négative de densité de tempête pourrait être le signe d’une activité réduite par rapport à la normale sur le Sud-Ouest océan indien en première partie de saison 2023/2024. L’anomalie est marquée du Nord-Est de Madagascar au Chagos, zone de cyclogenèse habituelle pour le bassin Sud-Ouest de l’océan indien.
Prévision ACE pour la période septembre 2023 à février 2024. Plus l’indice est au-dessus de 1, plus l’ACE envisagée est élevée. Plus l’indice est en dessous du 1, plus l’ACE sera en retrait par rapport à la normale.
Des tendances à prendre avec des pincettes
Comme toujours, il est bon de se rappeler que ces tendances sont à prendre avec du recul. Il ne s’agit que de la suggestion d’un scénario possible et non définitif et certain. Néanmoins, ces types de produits permettent d’avoir une vision approximative de ce qui pourrait arriver, d’anticiper et se préparer à toute éventualité.
Enfin, une activité cyclonique réduite ne signifie en rien un risque diminué pour les terres habitées. Il suffit d’une seule tempête ou un seul cyclonique pour qu’il y ait une catastrophe.