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Cyclone Belal : “30 ans que j’attendais de revivre ça!”

Le 15/01/2025 à 08:00 1

Dans J'ai vécu un cyclone

La Réunion - Il y a 1 an, le 15 janvier 2024, l'île Intense était confrontée à la sévérité du cyclone tropical BELAL. Cet événement qui fut qualifié d’insignifiant pour certains, fut pour moi une expérience marquante. Pour la commémoration de cet épisode cyclonique, je vous livre mon témoignage personnel. Préparez-vous à une immersion dans l'œil de BELAL et à partager les émotions que j’ai vécu à cette occasion.

"Déjà 1 an !.."

Il y a un an jour pour jour, une partie de La Réunion était secouée par l’épisode cyclonique BELAL. Le 15 janvier 2024, le mur de l'œil du phénomène affecte directement la moitié Est de l’île intense. Mais alors qu’une partie du territoire vivait le gros du cyclone, l’autre n’en voit presque rien. 

Grâce au relief, toute la moitié Ouest du département s’est retrouvée protégée des affres du cyclone. Le contraste est tel, que beaucoup ont raillé les autorités et Météo-France par des “tout ça pour ça”, pouvait-on entendre ici et là.

Pour moi qui vivait à Bras Panon (Est de La Réunion), c’était l’occasion inespérée de vivre de vraies conditions cycloniques, avant de m’envoler pour d’autres cieux. Eh bien, je peux dire que j’ai fait partie de cette population pour qui BELAL fut un épisode cyclonique marquant. Mais avant d’aller plus loin, revenons sur la chronologie des faits.

"Quelque chose se trame"

Dès le 5 janvier, des indices suggèrent que l’activité pourrait connaître un coup de boost entre le 8 et le 22. Le 8, les produits d’ensemble du CEP commencent à montrer des signaux d’activité en augmentation au Nord des Mascareignes. Et les premières tendances de trajectoire évoquent une parabole avec une évolution future entre Madagascar et le secteur Réunion/Maurice.

Le 9, le risque de formation d’une tempête devient important. Dans le même temps, on commence à parler d’un possible risque pour les Mascareignes. Un passage au plus près des îles sœurs est estimé entre le lundi 15 et le mercredi 17. Si les contours exacts de la menace sont encore flous, l'excitation monte en gamme.

Le 11, on entre dans le concret. Une zone suspecte numérotée 97S est identifiée à l’Est d’Agalega. À partir de là, les prémices de BELAL prennent peu à peu forme. C’est ce moment que choisit le CMRS de La Réunion pour l'émission de bulletin régulier. Les premières projections confirment une menace pour les grandes Mascareignes et notamment pour l’île Maurice qui semble à cet instant en ligne de mire.

"La tension grimpe d’un cran"

Le 12, la philosophie de trajectoire est inchangée. On s’attend toujours à une parabolique menaçante pour les îles sœurs. Sauf qu’un changement majeur a lieu. Les différentes guidances proposent une trajectoire se décalant un peu plus vers l’Est. Finalement, la menace se concentre désormais sur La Réunion. De plus, les prévisions d’intensité suggèrent la possibilité d’un cyclone intense au moment du passage au plus près de l’île. Avec cette prévision, la tension grimpe d’un cran au sein de la population réunionnaise.

Le 13 au matin, BELAL est baptisé par le service météorologique de Maurice. Le phénomène est à 575 km au Nord de La Réunion. Le pessimisme est de rigueur dans la mesure où les prévisions sont très défavorables pour le département. Le scénario d’un impact direct par un cyclone intense se dessine. L’alerte orange est déclenchée à 19h (loc). On sent clairement qu’on entre dans un compte à rebours nous menant vers un événement cyclonique comme l’île n’en a pas connu depuis belle lurette.

Le 14, BELAL devient cyclone et on évoque désormais la possibilité d’un impact cyclonique majeur pour La Réunion avec vent dévastateur. Le système est à moins de 400 km et devrait adopter une trajectoire en direction du département. Le matin, une première bande active traverse l’île en arrivant par le Nord-Ouest. Fortes pluies et vent fort accompagnent son passage. On se dit qu’on a là un petit avant-goût de ce qui nous attend. 

Le reste de la journée se déroule dans une ambiance complètement irréelle. Sous un ciel particulièrement chargé, c’est un étrange silence qui règne. Pas un bruit, pas une goutte de pluie, pas un souffle de vent. Même les oiseaux se sont tus, comme s’ils pressentaient l'arrivée du cyclone. 

Ce silence sera rompu par les téléphones qui vont se mettre à vibrer, avec une voix robotique annonçant l’alerte rouge pour 20h. C’est le système FR-ALERT, un dispositif qui a pour objet d’alerter toute personne située dans une zone de danger. Franchement, on commence à se croire dans un film catastrophe.

"Les hostilités démarrent"

Le lundi 15 janvier à 6h du matin, La Réunion passe pour la première fois de son histoire en alerte violette! Ceci indique que l’île va connaître des conditions cycloniques exceptionnelles et notamment des rafales de l’ordre de 200 km/h. En revanche, nous avons tout de même une bonne nouvelle. Finalement, BELAL ne semble pas pouvoir atteindre le stade de cyclone intense avant impact, comme on pouvait le craindre jusqu'aux derniers instants.

Chez moi, les conditions météorologiques ont commencé à se dégrader, sans pour autant atteindre des niveaux significatifs. La pluie est au rendez-vous et quelques bourrasques se font ressentir. Sur l’imagerie radar, je constate que l'œil semble vouloir passer plus au Nord que prévu. En réalité, ce dernier commençait à interagir avec l’île, suivant les formes du relief de La Réunion. 

Dans la matinée, on sent que la dégradation va crescendo. Il pleut sans discontinuer et les rafales se font de plus en plus sentir, entrecoupées de petites périodes d’accalmie. Mais alors qu’on approche la fin de matinée, les choses sérieuses commencent. Je constate que les rafales atteignent des niveaux de plus en plus élevés. La montée en régime du vent est palpable. Sur l’imagerie radar plus aucun doute n’est permis. Le mur de l'œil traverse mon secteur et il est très probable que l'œil se manifestera.

"Ça y est, ça tape fort!"

Les rafales sont violentes, les conditions sont clairement cycloniques. L’eau se met à s’infiltrer de toute part dans la maison et le bruit à l’extérieur devient assourdissant. Je monte à l’étage pour immortaliser ce moment par une vidéo. Le spectacle qui s’offre à moi est à la hauteur de ce qu’un passionné de cyclone espère vivre un jour. Les rafales sont puissantes, et on ne voit quasiment rien à quelques mètres. 

À partir de là, le courant finit par lâcher et la connexion internet est rompue. Je me retrouve coupé de toutes mes sources d’information et de suivi. Puis, c’est l’alimentation en eau qui commence à faire défaut avant d’être totalement coupée.

À l’étage, un volet s’ouvre brutalement et se met à claquer avec violence. Les coups sont si brutaux que la fenêtre semble montrer des signes de faiblesse. On réussit tant bien que mal à glisser une corde au volet qu’on attache au lit.

"J'y suis ! Après 30 ans d'attente..."

Alors que mon excitation additionnée au stress atteint des sommets, tout s'arrête brutalement. L’accalmie centrale du cyclone passe au-dessus de notre tête. Je sors immédiatement dans le jardin espérant voir un effet stadium. Mais l'œil n’est pas bien défini et il est voilé par des nuages. Je ne distingue donc pas de ciel bleu ce qui me procure une petite sensation de déception. Cela aurait été la cerise sur le gâteau. 

Mais quoi qu’il en soit, j’ai l’occasion de vivre un œil 30 ans après avoir vécu celui de COLINA en 1993. Et ça, c’est un événement rarissime tant il est difficile pour l'œil d’un cyclone de viser La Réunion. L’île étant très petite, la probabilité qu’une telle situation survienne est assez faible.

On en profite pour consolider tout ce qui peut l’être. On s’attend au retour du bâton avec le deuxième mur de l'œil. On ferme tout, on se calfeutre et on attend. Mais rien! Pas de deuxième round. Toute communication étant hors service, nous restons dans l'expectative. Où est le cyclone ? Où est l'œil ? BELAL est-il encore là ou est-il parti ? 

À ma grande surprise, il ne se passera plus rien et on finit par ouvrir tous les volets. En fin de journée, nous parvenons à écouter la radio via un smartphone. C’est là que nous apprenons que BELAL commençait à s’éloigner par le Sud-Est. Pas de deuxième mur, mais une belle intrusion d'air sec à la place, qui a laissé un trou béant à l'arrière de l'oeil.

"L’après BELAL se passe dans le fé noir"

Ok! Le cyclone s’en va, le danger est écarté. Sauf qu’à présent, nous entrons dans une nouvelle phase, celle de la résilience. Plus d’électricité et plus d’eau, voilà une situation particulièrement dérangeante lorsque l’on est habitué à avoir tous les conforts d’un pays développé.

Cette situation durera 3 jours. 72h pendant lesquelles nous avons dû apprendre à nous accommoder d’une vie sans eau ni électricité. Si la première journée fut déprimante, rapidement nous avons réussi à nous adapter. Finalement, les nuits aux chandelles, l’absence de téléphone et dormir plus tôt a des bons côtés.

Après ces 3 jours de privation, le courant faisait un retour triomphal, salué par des hurlements de joie dans tout le lotissement où je vivais. La fée électricité nous sortait du "fé noir" dans lequel nous étions plongé. Puis, c’était au tour de l’eau d’être rétabli. Le temps était venu pour nous de revenir à notre quotidien et pour moi, de poursuivre les préparatifs de mon départ pour le pays de "l'autre côté la mer" comme on dit chez nous.

“Une tempête dans un verre d’eau ? Pas pour tout le monde”

BELAL, certains le considèrent comme une tempête dans un verre d’eau. En effet, les habitants de l’Ouest et du Sud-Ouest n’ont rien vu et on peut comprendre leur réaction. Des jours et des jours qu’on annonce potentiellement un des pires épisodes cycloniques des dernières années pour l’île et au final rien. 

En revanche, il ne faut pas oublier qu’une partie de l’île a connu de véritables conditions cycloniques plus le passage direct de l'œil. Ceux qui comme moi ont vécu ces moments offerts par le cyclone, ne peuvent que garder le souvenir d’un épisode intense et mémorable.

cycloneoi

Né au cœur d'une région propice aux phénomènes météorologiques intenses, ma fascination pour les cyclones tropicaux a débuté dès mon plus jeune âge. Mon intérêt pour ces forces de la nature m'a conduit à les étudier de près, afin de comprendre leur fonctionnement et anticiper leur évolution. En 2014, j'ai créé le site cycloneoi pour partager cette drôle de passion et pour informer en cas d'activité cyclonique - Patrick

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Commentaires

  • Nico

    1 Nico Le 15/01/2025

    J'ai 21 ans et ce fut le cyclone le plus violent dont j'ai été témoin (accompagné de Fakir) ! J'habite à mi hauteur sur Sainte Marie et on a été sévèrement touché, il y avait énormément de dégâts contrairement à ce que les médias ont montrés à la télé. J'espère pouvoir revivre d'autres phénomènes de ce genre pour le fun :)

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