Cyclone JANE

Cyclone JANE (1970) : "mon premier cyclone vécu à La Réunion"

Le 25/03/2025 à 15:38 0

Dans J'ai vécu un cyclone

LA RÉUNION - Jeune métropolitain, Raymond GUIEN découvre la vie insulaire en arrivant à La Réunion en 1969. Rapidement, il est mis dans le bain cyclonique avec l’épisode JANE qui survient en février 1970. Les alertes cycloniques, les préparatifs, l'isolement relatif de l'époque, tout cela formait une expérience nouvelle et intense. Ce récit est une plongée dans La Réunion du début des années 70, une époque à des années lumières d’aujourd’hui à tout point de vue.

Février 1970...

Je suis arrivé à La Réunion le 11 septembre 1969, comme Volontaire Aide Technique (VAT). J'étais donc militaire, mais je ne souhaitais pas me retrouver en caserne. J'ai enseigné les maths au collège et avec 3 autres VAT, nous avons loué une maison à Trois bassins, dans les hauts de l'île.

Nous sommes en Février 1970 , le cyclone JANE était annoncé comme très fort. Mes sentiments étaient partagés. Un peu de crainte, un peu d'excitation, mais surtout de la curiosité. Cela était nouveau pour moi et mes amis.

L'alerte 3...

À l'époque, il y avait 3 niveaux d'alerte, le niveau 1 pour les services de sécurité, le niveau 2 où la population devait prendre des précautions, faire des provisions d'eau de nourriture non périssable de pile et enfin, le niveau 3 qui signifiait danger immédiat avec interdiction de sortir. Pour JANE, l'alerte 3 a été déclenchée le soir à 18h (probablement du 20 février). Le temps était couvert, mais pas de pluie, ni de vent. 

L'information a été faite par la radio locale et par les municipalités. Chez nous, un véhicule de la commune a circulé sur la route, avec un haut parleur, pour informer du déclenchement de l'alerte 3. Nous n'avions pas de télé, qui de toute façon, ne diffusait que quelques heures par jour. À l'époque, les moyens de Météo France étaient loin de ceux actuels. 

Cyclone Jane 21 02 1970 0614tu

Image satellite du 21 février 1970 à 06UTC, satellite ESSA8. Le cyclone JANE circule au Nord de La Réunion à une distance d'environ 270 km.

 

À la disposition de la Mairie...

Un peu plus tard , un communiqué du Préfet, par la radio locale, a demandé à tous les VAT de se mettre à la disposition de la commune où ils résidaient. Nous l'avons fait. Le Maire, nous a indiqué qu'il nous appellerait en cas de besoin. Finalement, cela n'a pas été le cas.

Quelques jours après , j'ai appris que plusieurs VAT avaient été placés dans des centres d'accueil, pour recevoir d'éventuels sinistrés. À Trois bassins, il me semble qu'il y en a pas eu. Dans d'autres communes, quelques uns, mais à titre préventif uniquement. Pourtant Trois bassins est une commune étendue en longueur. Elle va " du battant des lames au sommet des montagnes".

Finalement , il n'y a pas eu grand-chose, un peu de pluie mais pas excessive. Je n'ai pas entendu qu'il y ait eu des dégâts. D’ailleurs, je pense que dans le contexte actuel, l’alerte cyclonique rouge n'aurait pas été en vigueur. Mais c'était une époque différente, en communication, en termes de moyens météorologiques, et des instances préfectorales.

Par la suite, je suis resté à La Réunion. Je me suis marié et eu 2 enfants . J'ai pris ma retraite en 2005. J'ai donc eu l’occasion de vivre bien d'autres cyclones . Deux en particulier m'ont marqué plus que les autres.

HYACINTHE et FIRINGA

Il y a d’abord HYACINTHE en 1980. Du vent bien sûr. Mais surtout énormément de pluie durant une bonne semaine. Il a fait plusieurs aller-retour entre La Réunion et Madagascar, sans atteindre chacune des îles. Le bilan a été lourd, 25 morts, dont 9 dans une même famille . Leur maison fut emportée dans un glissement de terrain, provoqué par les pluies incessantes.

À l’époque de HYACINTHE, je me trouvais à Dos d'âne ,comme directeur d'une colonie de vacances. Les enfants sont restés enfermés 3 jours de suite. Pas facile, mais nous nous en sommes bien sorties.

Puis il y a eu l’incontournable FIRINGA en 1989. Cette fois-ci le cyclone est passé sur l'île. J'ai vécu l'œil. Le sud de l'île a le plus souffert , dont moi même . Avec ma famille, nous sommes restés enfermés, toute une journée. J'ai eu de gros dégâts dans mon jardin. En plus, pas d'eau, ni d'électricité durant 5 à 6 jours. Sur l'île, les destructions ont été énormes, aussi bien chez les particuliers que dans les édifices publics. Un souvenir me revient en tête. Avec les voisins, nous avons dû scier puis déplacer un arbre immense qui obstruait notre chemin. Au total, il y a eu 4 morts.

 

Cyclone JANE

19 Février 1970, satellite TIROS 1. Le système présente une signature satellitaire impressionnante.

 

Le cyclone JANE

JANE est un système qui a évolué dans l’océan indien Sud au cours de l’active saison cyclonique 1969/1970 entre le 9 février et le 2 mars. L’histoire du phénomène débute en zone australienne. D’abord nommé JOSEPHINE par le service australien, il est renommé JANE en entrant dans le Sud-Ouest océan indien. 

Bien que nous ne saurons jamais quelle fut l’intensité de JANE, l’image du satellite TIROS I datée du 19 février 1970 montre un cyclone avec une signature satellite impressionnante. Selon le service météorologique de La Réunion, le système a atteint le 12 février la phase X-3 de l’ancienne classification d’intensité. Les phases 3 et 4 correspondaient à des cyclones ayant atteint leur stade de maturité.

JANE frappe durement Madagascar

Dans la nuit du 20 au 21 février, le centre du système transite à environ 270 km au Nord de La Réunion. Pas d’impact direct, mais une influence périphérique pour l’île. Le cyclone termine sa longue course en atterrissant sur la côte Est de Madagascar le 23 février 1970 entre Mahanoro et Mananjary.

Il existe peu d'informations sur l’impact du cyclone à Madagascar. Néanmoins, un bilan faisait état d’au moins 17 personnes décédées. Des villages ont été détruits, de nombreuses régions sont inondées et les routes au sol ont été coupées. L'aviation fut le seul moyen d'apporter des secours alimentaires et médicaux à certaines zones. Au plus fort du cyclone, les vents ont atteint des vitesses de plus de 160 km/h, causant d'énormes dégâts.

Cyclone JANE trajectoire

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Né au cœur d'une région propice aux phénomènes météorologiques intenses, ma fascination pour les cyclones tropicaux a débuté dès mon plus jeune âge. Mon intérêt pour ces forces de la nature m'a conduit à les étudier de près, afin de comprendre leur fonctionnement et anticiper leur évolution. En 2014, j'ai créé le site cycloneoi pour partager cette drôle de passion et pour informer en cas d'activité cyclonique - Patrick

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