Un cyclone s'approchait, mais rien en ce début de journée ne le laisse penser. La mer est encore calme et le ciel particulièrement dégagé. Rien d'étonnant à cette situation, car le cyclone en se rapprochant aspire l'humidité et envoie de l'air subsident (sec) d'ou cette impression de beau temps. Depuis la nuit dernière, je ne rate aucun point cyclone diffusé à la radio. Armé d'un carnet et d'un stylo, je notais précautionneusement chaque point pour pouvoir l'inscrire sur la carte de suivi cyclonique. Et oui, je le rappelle une fois encore, à cette époque pas d'internet. Pour suivre un cyclone il fallait pointer sur ces cartes qui étaient souvent des calendriers ou qu'on trouvait dans les revus ou journaux.
Lors du point de 10h, DINA était toujours un cyclone tropical intense et je constatais que la trajectoire vers la Réunion était confirmée. Pour moi, il ne faisait aucun doute que nous passerions en alerte orange dans la journée. Mes amis et mon entourage continuaient d'être sceptiques. Il est vrai qu'au cours des années précédentes, l'île avait toujours été épargnée par les cyclones, je pense à CONNIE en 2000 et ANDO en 2001. A chaque fois, le coeur du phénomène nous évitait. Mais moi, j'étais au contraire convaincu que les choses n'allaient pas se dérouler aussi bien que d'habitude. La suite des événements me donnera raison.
DINA se rapproche et n'est plus qu'à 530 km à l'est nord-est de l'île. L'alerte orange est déclenchée à 13h. Dans l'après-midi, la houle cyclonique se renforce telle une onde de choc. Des badauds commencent à venir admirer le spectacle. Au point de 16h, pas de changement de trajectoire et DINA est toujours un cyclone tropical intense. La menace se précise et un impact apparaît à présent inéluctable. Lors du journal télévisé du soir, le préfet Gonthier Friederici intervient et fait part de son inquiétude devant l'ampleur de la menace qui se profile. Le message est clair, barricadez vous et préparez vous à des conditions difficiles pour demain. Depuis ma chambre, j'écoute la houle cyclonique qui est de plus en plus bruyante, signe du rapprochement continue du cyclone. Ce n'est que tard dans la nuit que je réussis à trouver le sommeil, mon excitation étant à des sommets.