Alvaro, un stade de forte tempête inattendu et une trajectoire inversée

Pourquoi cette trajectoire inversée

Après un déplacement en direction générale de l’Est, Alvaro s’évacue à présent vers le Sud-Est. Bien que peu habituel, ce type de trajectoire inversé n’est pas non plus un fait exceptionnel. Dans l’histoire récente du bassin, plusieurs phénomènes ont suivi ce pattern. Ce fut le cas notamment de Jasmine lors de la saison 2021/2022 ou encore d’Iman au cours de la saison 2020/2021.

Ce produit du CIMSS montre les flux directeurs dominant entre 500 et 850 hPa. C’est dans cette couche de la troposphère que se trouve les vents dominants qui influent la trajectoire des systèmes de type tempête tropicale modérée ou forte tempête tropicale. On constate que le flux directeur s'oriente en direction du Sud-Est, d'où la trajectoire Sud-Est actuelle d'Alvaro.

Ce mouvement globalement Est, s’explique par un flux directeur dominant situé entre 500 et 800 hPa, soufflant d’Ouest en Est. Par la suite, le flux directeur s’oriente sur un axe Nord-Ouest/Sud-Est, ce qui explique la trajectoire Sud-Est qui permet à Alvaro de rester à l’écart des Mascareignes.

Pourquoi une ré-intensification temporaire

En émergeant de nouveau au-dessus de l’océan, Alvaro a retrouvé son carburant lui permettant de relancer la machine à convection. Dans le même temps, le système a temporairement évolué dans une zone de cisaillement faible à modéré. Mais ces conditions favorables ne durent pas. Avec ce cap Sud-Est, Alvaro fait rapidement face à une augmentation du cisaillement d’Est Sud-Est. Dans le même temps, le phénomène évolue sur des eaux de plus en plus froides et donc avec un potentiel énergétique en diminution.

Les leçons d’Alvaro

De l’épisode Alvaro nous retiendrons 3 leçons. La première et que cette saison aura démarré comme prévu de manière tardive. L’épisode vient confirmer qu’en contexte El Nino, les saisons cycloniques du Sud-Ouest océan indien ont tendance à débuter avec du retard.

Alvaro vient également confirmer que démarrage tardif ou saison moins active ne signifie pas moins de danger. Dès le premier phénomène de la saison, les terres habitées, en l'occurrence le Mozambique et Madagascar, ont été affectées.

Enfin, l’épisode nous rappelle à quel point la prévision d’intensité demeure l’élément le plus complexe. Les premières simulations des modèles de prévision n’envisageaient pas de système mature. Or, Alvaro est parvenu à atteindre le stade de forte tempête tropicale avant d’impacter la grande île.

Dans notre point du dimanche 31 décembre 2023, nous expliquions que si le stade de forte tempête tropicale n’était pas complètement exclu, ce scénario n’était à ce moment pas majoritaire. Et pourtant, c’est le scénario non majoritaire qui l’a emporté. La petite taille du cœur et les eaux chaudes proches des côtes Sud-Ouest malgaches expliquent peut-être ce dynamisme.

Une pause avant une reprise prochaine de l’activité ?

Avec la fin de l’épisode Alvaro, le bassin retrouve son calme. Mais il est possible que cette accalmie soit temporaire. En effet, le contexte demeure favorable à la cyclogenèse sur le bassin. Une phase humide de l’oscillation de Madden Julian déferle actuellement sur le Sud-Ouest océan indien.

Le risque d’une reprise d’activité n’est donc pas exclu au-delà de 5 jours. Les données d’ensembles à moyen et long terme donnent un signal de cyclogenèse. Pour l’heure il ne s’agit que de tendances et il faudra patienter quelque peu pour confirmation ou non. Dans tous les cas, la vigilance doit rester de mise.

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